Une fois de plus l’école marxiste hivernale nord américaine fut un succès! Cette 5ème édition de la conférence annuelle, qui a réuni cette année encore des marxistes de Montréal, Toronto, Ottawa, New-York et même de Chico, en Californie, a démontré l’énergie et l’intérêt vis-à-vis des idées marxistes. Plus de 80 personnes se sont présentées à cette école qui a été ponctuée d’intéressantes présentations et d’énergiques discussions. La présence de beaucoup de nouveaux et jeunes visages sur lesquels nous pouvions voir la soif d’apprendre n’a fait qu’enrichir cet évènement.
L’école a débuté sur le sujet des perspectives pour la révolution mondiale, le tout présenté avec brio par Camilo Cahis, du journal Fightback à Toronto. Celui-ci a su expliquer avec clarté le lien direct entre la montée de l’austérité partout dans le monde et la crise économique sans précédent à l’échelle planétaire, mais a surtout su amener de l’avant les solutions pour enrayer ces deux dernières. Le sujet inévitable a bien entendu été la Grèce, où la victoire historique de SYRIZA aux élections a redonné espoir aux jeunes et aux travailleurs-euses grecs, mais aussi espagnols, où le parti Podemos soulève des espoirs similaires. Camilo aura toutefois bien fait de soulever l’importance de ne pas avoir d’illusion dans ces partis, qui ne sont pas prêts à rompre avec le capitalisme. Le présentateur a bien réchauffé la salle et a préparé le terrain pour des interventions qui furent très enrichissantes et qui ont bien démontré qu’une compréhension claire des évènements mondiaux permet de mieux orienter le travail des militants et militantes à l’échelle locale.
Parlant de lutte à l’échelle locale, la seconde présentation, par le camarade Joel Bergman, du journal La Riposte à Montréal, nous amena dans le vif du sujet. En effet, le sujet inévitable était celui du mouvement étudiant et ouvrier qui se prépare au Québec ce printemps. L’orateur a présenté le nouveau manifeste de la Tendance marxiste internationale sur le mouvement du printemps 2015, qui comporte une analyse cruciale sur la lutte à venir et sur les défis auxquels celle-ci sera confrontée. En effet, l’idée principale du manifeste, pourtant très simple, c’est-à-dire que la lutte contre l’austérité est indissociable de la lutte contre le capitalisme, fait cruellement défaut dans le mouvement actuellement. La discussion qui suivit souleva notamment l’importance de la leçon apprise pendant le mouvement de 2012, c’est-à-dire que le mouvement étudiant ne peut gagner par lui-même et doit se lier au mouvement des travailleurs-euses. Il fut aussi souligné à grand trait qu’un tel mouvement n’est pas une fin en soi, mais que les marxistes doivent savoir canaliser l’énergie et l’enthousiasme qui s’y déploie afin de poursuivre la construction d’une organisation révolutionnaire.
Cet après-midi s’est terminé avec le camarade Farshad Azadian de Fightback à Toronto, sur le sujet de la campagne de financement de cette année. En effet, le journal Fightback/La Riposte a fait un grand pas en avant cette année, en se dotant de son premier bureau, à Toronto. Cette campagne fut un franc succès, et les contributions à la fois des membres de Fightback/La Riposte et de sympathisant-es démontrent qu’il règne un grand enthousiasme pour les idées du marxisme ainsi qu’un esprit de sacrifice de la part des militant-es canadiens et québécois.
Le dimanche matin débuta en force avec une conférence sur l’histoire du parti des Black Panthers. Camarade John Peterson, de Socialist Appeal à New-York, a très bien su expliquer les causes du succès de ce parti, c’est-à-dire entre autres sa volonté de lutter de manière radicale contre l’oppression qui répondait à la juste colère des Noirs américains, mais aussi les causes de sa débandade, la plus importante étant le refus de s’organiser sur une base de classe. La leçon principale que l’on en tira est que seule l’unité des travailleurs et des travailleuses de toutes origines peut mettre fin au racisme, mais aussi au sexisme, à l’homophobie, etc. Cette présentation a permis à l’auditoire de mieux comprendre les évènements de Ferguson qui ont certainement des points en communs avec ces évènements qui ont agité les États-Unis pendant les année 70. La discussion qui a suivi a très bien soulevé que les racines du racisme se trouvent dans le mode de production capitaliste, qui cherche à diviser et à jeter les travailleurs et travailleuses les uns contre les autres.
Finalement, l’école s’est terminée avec une présentation sur la grève générale de Winnipeg de 1919. Cette dernière fut présentée par Alex Grant, de Fightback à Toronto, qui a enrichi nos connaissances avec ce pan oublié de l’histoire canadienne qui contient énormément de leçons pour le mouvement québécois à venir. Rappelons que c’est à travers l’étude des luttes passées que les marxistes comprennent les défis auxquels ils sont confrontés et les tactiques les plus efficaces à adopter. La grève de Winnipeg a démontré sans aucun doute que la lutte économique ne saurait être suffisante, et que les travailleurs-euses doivent savoir transporter leur lutte sur le front politique, et qu’ils doivent pour cela être organisés non seulement en syndicat, mais aussi à travers un parti ouvrier. Le camarade Alex a aussi longuement insisté sur l’importance de comprendre le rôle joué par la grève générale dans une lutte, surtout dans le contexte où certains groupes en appellent à une grève générale le 1er mai 2015. La grève générale illimitée est l’arme ultime entre les mains des travailleurs-euses, et en tant que telle, ne doit pas être brandie de façon irresponsable. Une telle grève, ultimement, pose la question du pouvoir, et nécessite donc d’être prêt à prendre le pouvoir ou de se voir écraser par la répression sauvage, comme l’ont vécu les travailleur-euses de Winnipeg. Les interventions qui suivirent ont su dresser les liens nécessaires entre de telles leçons et le mouvement à venir au Québec.
Cette école fut une expérience à la fois très intéressante et très énergisante, et fut sous-tendue par l’urgence pour les révolutionnaires de s’organiser, de s’éduquer et d’agiter. Les camarades, armés des leçons de la fin de semaine, seront en mesure et de les appliquer adéquatement dans les luttes à venir pour mettre un terme une fois pour toutes à la barbarie du capitalisme.
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