Depuis le massacre d'un millier de civils libanais il y a deux ans dans l'opération appelée Opération "Juste récompense", l'Israël a tourné son attention vers la bande de Gaza, sous la forme de l'opération Plomb durci. Dépouillé de sa sonorité inoffensive, cette opération devient beaucoup moins acceptable: selon des sources médicales palestiniennes, près de 300 Palestiniens ont été tués, dont de nombreuses femmes et des enfants. Les objectifs militaires israéliens ont inclus des postes de police (qui, sans surprise, sont situé dans des zones à forte densité de population), le siège du canal de télévision par satellite appartenant au Hamas et de l'Université islamique de Gaza, le seul établissement d'enseignement supérieur.
Selon les témoins, les hôpitaux sont débordés par les blessés et les cadavres s'accumulent dans les morgues. Abu Hamada Qammar, correspondant de la BBC résidant dans la bande de Gaza a décrit une scène typique de sinistre:
«J'ai suivi une femme qui criait «mon fils, mon fils» tandis qu'elle fouillait le bâtiment.
Éventuellement ils le trouvèrent, un jeune homme dans la vingtaine. Le personnel ne lui ont cependant pas permis de voir le corps, mais je l'ai vu. Il n'avait plus de tête et il n'y avait plus de ventre. Elle s'est évanouie sur les restants de son fils couverts d'un drap blanc."
Le "cessez-le-feu" d'Israël et la complicité du monde arabe
Les attentats surviennent suite à l'échéance d'une trêve de six mois. Toutefois, même lors de ce cessez-le-feu les problèmes ont affligé Gaza. Israël a mis en place un blocus paralysant la bande de Gaza, privant son peuple de nourriture, de carburant et même des fournitures médicales. "Il y a eu cinq mois de trêve et dans les deux derniers mois les habitants de Gaza n'ont pas connu la paix, ils n'ont pas eu accès à une existence digne. À l'ONU, nos approvisionnements ont été réduits durant la trêve, à un tel point que notre position est devenue très vulnérable et précaire et suite à quelque jours de la fermeture [de Gaza] nous avons manqué de nourriture." a déclaré John Ging, chef des opérations de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) dans une entrevue avec The Electronic Intifada en Novembre.
Israël ne peut être tenu comme unique responsable. Tandis qu'Israël a été l'instigateur de ces attaques brutales, l'Égypte recevait la ministre des Affaires étrangères israélienne Tzipi Livni. La BBC explique que «tandis que des avions de chasse ont pilonné le sud de la bande de Gaza, des centaines de Palestiniens ont envahi la frontière entre Gaza et l'Égypte. Les forces de sécurité égyptiennes ont tiré des coups de feu pour les empêcher d'entrer". En fait, l'Égypte a toujours participé au blocus de la bande de Gaza, à la sale guerre d'Israël. Grâce à l'Égypte, les palestiniens sont mis en cage comme des animaux sans accès aux approvisionnements essentiels. Des États arabes ont demandé une sessions "d'urgence" de la Ligue arabe, mais l'Égypte s'est opposée et l'Arabie saoudite a exprimé des «réserves».
Pourquoi l'Égypte a-t-elle fait cela? Eh bien, tout d'abord, comme deuxième plus important bénéficiaire d'aide militaire étasunienne (pas de prix pour ceux qui devineront le nom du premier récipiendaire), l'Égypte est un "allié régional" clé (lire le pion) des États-Unis et, à ce titre, effectuera la politique étasunienne. Écrivant dans le Haaretz, journal libéral israélien, Zvi Barel soutient que «l'Égypte et l'Arabie saoudite, qui considèrent le Hamas comme un allié de l'Iran, dont l'objectif est d'augmenter l'influence régionale de Téhéran, à leurs frais, préfèrent attendre un peu dans l'espoir que l'opération militaire d'Israël dépouillera Hamas de sa capacité à dicter ses conditions ". En d'autres termes, les régimes saoudien et égyptien (et leur maîtres étasuniens) espèrent qu'Israël réussira à détruire le gouvernement du Hamas et le remplacer par quelque chose de plus doux. Ils sont prêts à voir les rues
de la bande de Gaza inondées de sang palestinien pour que cela se produise.
Les masses se concentrent
Bien entendu, la collaboration pusillanime des États arabes n'a pas été le cas pour les peuples. En Égypte et au Liban, des rassemblements de dizaines de milliers de personnes ont eu lieu en faveur des palestiniens. De large rassemblements ont également eu lieu en Syrie, en Libye, en Irak et en Jordanie. Le dégoût envers la complicité des États arabes était évident: la station de télévision de de gauche libanaise Aljadeed (New TV) ont montré des manifestants à l'extérieur de l'ambassade d'Égypte, certains brandissant des drapeaux rouges et un manifestant avec un chandail du Ché Guevara.
Même à l'intérieur d'Israël, où la population est soumise à une implacable machine de propagande de l'État, un rassemblement de plus d'un millier de personnes s'est réuni spontanément à Tel-Aviv, à laquelle ont participé des organisations de «Gush Shalom et la Coalition des femmes pour la paix aux Anarchistes contre le mur et Hadash [en relation avec le Parti communiste israélien]».
Une manifestation a également eu lieu à Londres à l'extérieur de l'ambassade d'Israël. Selon les rapports de la police, 700 personnes ont assisté à la démonstration intempestive, qui a bloqué la route devant l'ambassade et paralysant la circulation. Des affrontements entre des manifestants et la police ont éclaté lorsqu'un groupe de manifestants a tenté de prendre d'assaut la barrière qui les entourait.
La futilité du terrorisme et la faillite des fondamentalistes
Alors qu'est-ce que le Hamas, le prétendu chef de file de la résistance palestinienne contre Israël, fait pour défendre les Palestiniens? Malheureusement, leur stratégie de «résistance» est basée sur des attaques terroristes futile sur des cibles civiles israéliennes. Depuis la prise de contrôle de la bande de Gaza, le mouvement islamique a tiré des centaines de roquettes artisanales sur la ville frontalière israélienne de Sderot. Bien que ces attaques ont rarement été meurtrières (moins de 20 Israéliens ont été tués dans ces attaques depuis qu'Israël a retiré ses colons de Gaza), ils ont rendu la vie misérable pour les habitants de cette pauvre ville de classe ouvrière.
Ces attaques ne peuvent pas menacer la superpuissance régionale, mais servent à durcir l'opinion publique israélienne, notamment parmi les travailleurs pauvres de Sderot, qui devraient être les alliés naturels des palestiniens. Ces attaques aident à créer une mentalité de forteresse à l'intérieur d'Israël, en poussant les travailleurs et les pauvres (eux-mêmes fortement exploitées par le capitalisme israélien) à soutenir «leur» État dans ses attaques contre «l'ennemi». L'armée israélienne peut alors profiter de l'évolution favorable de l'opinion publique israélienne afin de lancer une attaque. Son but est de détruire ou d'affaiblir le Hamas, et le voir remplacé par quelque chose de plus souple.
Pour sa part, le Hamas est principalement intéressé à acquérir du pouvoir sur sa propre portion de territoire. Les attaques terroristes sur Israël sont destinées à renforcer sa position à la table des négociations, le Hamas a déjà montré sa volonté d'accepter les demandes d'Israël (allant même jusqu'à aider les forces de sécurité égyptiennes en empêchant les Palestiniens d'aller vers l'Égypte par dans la bande de Gaza), mais sa base de soutien l'oblige à conduire une négociation plus tenace que le Fatah. C'est un problème pour Israël, dont la dominance économique et politique sera menacé si elle concède trop.
Existe-t-il une alternative?
Si le Hamas était sérieusement intéressé à l'organisation d'une résistance contre l'occupation israélienne, il ne baserait pas sa stratégie sur des actes futiles de terrorisme par de petites bandes de "héros", mais plutôt d'armer les masses palestiniennes. Il organiserait des comités régionaux de défense dans chaque ville et village, contrôlés démocratiquement par les travailleurs, les paysans et les réfugiés, et composé de tous les hommes et femmes capables de combattre. Une telle force serait une véritable base de masse et menant une campagne de lutte de guérilla urbaine, serait un ennemi redoutable pour les forces d'occupation israéliennes. Mais une telle force ne menace pas le pouvoir du Hamas (et les puissants clans semi-féodaux qui dominent la politique palestinienne). Une des premières actions du Hamas après leur entrée au pouvoir fut d'attaquer les bureaux de la Fédération des syndicats palestiniens, dans une tentative
d'étouffer toute organisation indépendante de travailleurs palestiniens.
Pour sa part, le mouvement du travail israélien a le devoir moral de s'opposer à ces actions barbares d'Israël. La Histadrout (Fédération des syndicats israéliens) devrait refuser de coopérer avec l'«effort de guerre», appeler à la grève chez les travailleurs impliqués dans la gestion des approvisionnements militaires, et, si nécessaire, une grève générale contre la guerre. Les travailleurs et les pauvres d'Israël sont les alliés naturels des masses palestiniennes de Gaza et d'ailleurs. Cette guerre ne les bénéficiera pas - cela signifie de plus en plus de réduction des libertés civiles par l'État (la police israélienne a déjà des pouvoirs sans précédent et peut fouiller des foyers, sans même les informer), plus de coupures dans les dépenses publiques, et plus de menaces de terrorisme suite aux représailles du Hamas ou du Hezbollah.
Bien sûr, nous ne nous faisons pas d'illusions sur le mouvement du travail israélien qui n'est pas sur le point de prendre de telles mesures - plus encore qu'au Angleterre, les dirigeants syndicaux sont bien intégrés dans la machine de l'état. Mais certains membres de la base, des travailleurs israéliens, commencerons à poser des questions embarrassantes aux réunions syndicales, exigeant à leurs dirigeants de prendre des mesures.
Nous exigeons:
- Un arrêt immédiat des hostilités par l'armée israélienne envers le peuple de Gaza
- La suppression immédiate du blocus économique paralysant, pour permettre la libre circulation des biens et des personnes à la frontière
- La fin de la des attaques terroristes futiles contre les populations civiles de Sderot, la direction de la résistance doit armer les masses palestiniennes et organiser des comités de défense régionale dans chaque ville et village
- Appui du mouvement des travailleurs israéliens envers le peuple souffrant de Gaza - pas de coopération avec la machine de guerre israélienne
- Pour une Fédération socialiste du Moyen-Orient