Depuis l'écriture de cet article, fin avril, un accord a été conclu le 9 mai entre Podemos et Izquierda Unida en vue des élections du 26 juin.
Sauf coup de théâtre, l’impasse parlementaire, en Espagne, devrait aboutir à la convocation de nouvelles élections législatives pour la fin du mois de juin. Depuis les élections du 20 décembre dernier, différentes sortes de « majorités » potentielles ont été discutées, en vue de former un gouvernement ; toutes se sont brisées sur les contradictions de classe qui ne cessent de s’aiguiser, dans le pays. La crise économique et sociale engendre une crise politique et parlementaire.
Avec 21 % de voix et 69 députés, Podemos avait fait une entrée triomphale dans le Parlement espagnol, en décembre. Depuis, il a subi d’incessantes pressions pour modérer son programme et soutenir un gouvernement de coalition du PSOE (socialistes) et de Ciudadanos (centre-droit). Or, l’accord entre ces deux partis ne remettait pas en cause les principales contre-réformes et coupes budgétaires que le gouvernement du Parti Populaire (droite) a mises en œuvre, ces dernières années. Consultés, les adhérents de Podemos ont massivement rejeté la proposition des dirigeants du PSOE (88,2 % de « non », sur 150 000 votants).
De son côté, la direction du PSOE a rejeté la proposition d’un gouvernement PSOE-Podemos-Uzquierda Unida, au prétexte qu’elle refuse le droit à l’autodétermination de la Catalogne. Même les dangereuses « concessions » programmatiques avancées par la direction de Podemos n’ont abouti à rien (à part désorienter les partisans de Podemos). « Concessions » ou pas, la bourgeoisie espagnole ne veut pas d’un gouvernement comprenant Podemos ; elle a besoin d’une politique d’austérité sans faille. Son objectif principal, à ce stade, est d’obtenir du Parti Populaire (PP) qu’il se débarrasse du chef du gouvernement, Mariano Rajoy, car il est trop discrédité. Elle espère qu’un PP « rénové » ouvrira la voie à un gouvernement PP-Ciudadanos.
Dans la perspective de nouvelles élections, nos camarades espagnols de Lucha de clases en appellent à l’unité maximale entre Podemos et Izquierda Unida (IU, incluant le PC espagnol). Cette unité avait fait défaut en décembre dernier ; les logiques d’appareil l’avaient emporté. Cette fois-ci, Pablo Iglesias (Podemos) et Alberto Garzon (IU) déclarent vouloir mener une campagne commune. Il faudra passer des paroles aux actes. Et seul un programme radical, sans « concessions » aux dirigeants procapitalistes du PSOE, pourra susciter l’enthousiasme de larges sections de la jeunesse et des travailleurs.