Début juin, les ouvriers de l’usine de postes à souder « JASIC Technologies », à Shenzen, ont tenté de créer un syndicat pour se défendre contre les abus de leur direction. S'en est suivie une confrontation directe avec l’Etat chinois.
Répression
Au début, les travailleurs de JASIC voulaient se conformer à la loi. Ils avaient obtenu l’autorisation de s’affilier à la Fédération nationale des syndicats de Chine (FNSC), la seule confédération syndicale légale. Mais la direction de l’entreprise a réagi en créant un syndicat « jaune », lui aussi affilié à la FNSC. Face à cette manœuvre, puis à des licenciements et à la répression policière, les militants syndicaux ont décidé de retirer leur demande d’affiliation. De ce fait, leur syndicat devenait illégal.
Leur lutte a attiré l’attention de nombreux militants de gauche. Une pétition de soutien a été lancée. Un groupe d’étudiants maoïstes s’est rendu sur place, en solidarité : un geste très apprécié des travailleurs… mais beaucoup moins des autorités. Fin août, la police a arrêté tous les étudiants et a convoqué leurs parents pour les « convaincre » de faire pression sur leurs enfants.
Radicalisation
Cette mobilisation n’est pas un cas isolé. Dans de nombreuses universités chinoises, des groupes de gauche se sont formés, ces dernières années, qui remettent en cause le capitalisme chinois. Certains ont même défrayé la chronique en arrêtant leurs études pour aller travailler à l'usine, dans l'intention d'aider la classe ouvrière à s'organiser. Pour la bourgeoisie chinoise, cette convergence entre étudiants et travailleurs est une sérieuse menace. D’où la vague de répression, symbolisée par l’interdiction des Cercles d’études marxistes de l’Université de Pékin. Yue Xin, l'une des étudiantes arrêtées en août à Shenzen, est même accusée de soutenir l’indépendance de Taïwan ! En réalité, elle est visée parce qu’elle avait mené en 2015 un mouvement de protestation après le viol d’une étudiante par un enseignant.
Avec le ralentissement de l’économie chinoise, la classe dirigeante essaie de faire porter aux travailleurs le poids de sa crise, ce qui les pousse à l’action. Cette année, il y a eu la grève des grutiers le 1er mai, les grèves des livreurs de Meituan et Dee-Dee et, sans doute, des dizaines d’atres grèves qui ne sont pas signalées dans la presse. Le réveil de la classe ouvrière chinoise, la plus nombreuse du monde, sera brutal pour la bourgeoisie de ce pays.