En Thaïlande, un mouvement de manifestations presque quotidiennes fait rage depuis juillet. Lancé par des élèves du secondaire, il s’est propagé aux travailleurs. Notamment, sept associations syndicales représentant entre autres des travailleurs d’usine et du textile ont rejoint le mouvement.
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Les revendications sont d’ordre démocratique et demandent une réforme de la monarchie. Malgré que le mouvement n’appelle pas encore à abolir la monarchie, il est déjà significatif qu’il la critique. Dans cette dictature militaire, le moindre reproche contre la monarchie entraîne une punition sévère. La famille royale joue un rôle stabilisateur important pour la classe dirigeante, et possède un statut intouchable.
Mais la légitimité du régime et les illusions dans la monarchie s’érodent à vue d’oeil, comme le révèle la popularité sur Twitter du mot-clic #whydoweneedaking (« Pourquoi avons-nous besoin d’un roi? »). Si l’ancien roi, décédé en 2016, était aimé, son fils est détesté. Les frasques du roi Maha Vajiralongkorn révèlent aux yeux de tous la décadence et la corruption de la royauté. Multimilliardaire, il passe son temps dans un hôtel de luxe en Allemagne, où il vit une vie de « playboy » avec ses maîtresses. Il a même accordé le grade de maréchal en chef de l’Air à son chien Fufu.
Quant aux travailleurs thaïlandais, ils vivent dans la pauvreté profonde, la Thaïlande étant le troisième pays le plus inégal au monde.
La junte militaire peine donc à maintenir le régime en place, à mesure que sa base sociale disparaît, et que les appuis à l’opposition libérale grandissent. Le 16 août, une manifestation contre le gouvernement a mobilisé des dizaines de milliers de personnes à Bangkok.
Le gouvernement actuel a été réélu après des élections frauduleuses l’an dernier, que la junte a dû trafiquer pour vaincre le très populaire Parti du nouvel avenir, de centre gauche. Elle a ensuite arrêté ses dirigeants et dissout le parti. Mais la fraude électorale et les fréquents coups d’État (les derniers en 2006 et 2014) ne font qu’empirer sa crise de légitimité.
Les masses en ont assez, et sont inspirées par les mouvements à Hong-Kong, en Biélorussie et au Liban. Toutefois, la leçon à tirer de ces mouvements est que la lutte pour la démocratie ne peut-être détachée de la lutte économique des travailleurs.
Le mouvement doit refuser de se ranger derrière les libéraux bourgeois, qui n’ont nullement l’intention d’améliorer les conditions de vie des masses, malgré leurs maigres promesses de réformes. Pour gagner, les travailleurs doivent se battre pour l’abolition de la monarchie et pour une véritable démocratie, fondée sur le contrôle démocratique de l’économie par la grande masse des travailleurs.