Le mensonge du recyclage sous le capitalisme

Nous savons tous que nous sommes censés recycler le plastique. On nous apprend les trois R à l’école, à la maison et au travail : « Réduire, Réutiliser, Recycler ». Dès le plus jeune âge, nous apprenons à séparer les plastiques des déchets en nous fiant sur le logo triangulaire et à sortir le bac bleu sur le trottoir une fois par semaine, car cela permet de combattre la pollution, en particulier celle des océans. On nous apprend que nous pouvons tous faire partie de la solution, à condition de recycler.

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Le problème, cependant, est que le recyclage des plastiques n’est pas et n’a jamais été une solution viable à la pollution. Comme l’explique un récent exposé de NPR et Frontline, l’industrie du recyclage s’est construite dès le départ sur un mensonge : celui de croire que les plastiques pouvaient être et seraient recyclés. Pourquoi? Pour vendre plus de plastique, tout d’abord. Autrement dit, le recyclage n’est pas un système viable de gestion des déchets à grande échelle, mais une opération de marketing.

Plastiques et combustibles fossiles

Les plastiques ont commencé à arriver en masse sur le marché américain dans les années 1950. Selon l‘Agence d’information sur l’énergie des États-Unis, « les plastiques sont produits à partir de gaz naturel, de matières premières dérivées du traitement du gaz naturel et de matières premières dérivées du raffinage du pétrole brut ». Par conséquent, la vente de plastiques représente une source importante de revenus pour les grandes compagnies pétrolières. Mais au début des années 1980, l’industrie pétrolière s’est heurtée à un problème : elle ne vendait pas assez de plastique pour réaliser des bénéfices. Des recherches internes à l’industrie pétrolière, révélées par NPR il y a deux ans, ont permis d’en découvrir une raison : dans l’esprit des consommateurs, le plastique était associé à la pollution. Les gens ne voulaient pas acheter des produits dont ils savaient qu’ils allaient simplement finir dans l’environnement, dans leur quartier ou dans les sources d’eau.

À la même époque, des lois étaient proposées à l’échelle des municipalités, des États et du gouvernement fédéral pour réglementer l’utilisation des plastiques et limiter les effets de la pollution plastique sur l’environnement. Cela posait un problème majeur pour la source des profits des grandes compagnies pétrolières.

Ainsi, lors d’une série de réunions de conseils d’administration, les dirigeants du secteur pétrolier ont trouvé une solution : changer la façon dont les plastiques sont commercialisés. Si les gens pensent que les plastiques peuvent être recyclés, s’ils pensent qu’ils peuvent combattre la pollution en recyclant, ils achèteront davantage de plastique.

Le problème est que le plastique est incroyablement difficile à recycler. Ou plutôt : sous le régime capitaliste, il n’est pas rentable de le recycler. Le plastique n’est pas un matériau uniforme. Il en existe de nombreux types différents, qui doivent être triés et décomposés avant d’être reformés et réutilisés, un processus compliqué en soi. En outre, les matières plastiques se dégradent à chaque réutilisation. En bref, il est moins coûteux de produire du nouveau plastique à partir du pétrole que de recycler le vieux plastique.

Le capitalisme repose exclusivement sur la recherche de profits par des individus qui doivent assurer la viabilité de leur entreprise sur le marché. Ainsi, les dirigeants du secteur pétrolier ont lancé dans les années 1990 une campagne publicitaire de 50 millions de dollars qui a envoyé un message clair : les plastiques peuvent être recyclés, sont faciles à recycler et ne présentent donc aucun risque pour l’environnement. En outre, la responsabilité de protéger l’environnement incombe à « nous » tous, c’est-à-dire aux travailleurs et aux capitalistes à parts égales.

L’industrie a ensuite fait des investissements pour se donner bonne conscience, notamment dans des organismes à but non lucratif, des campagnes de sensibilisation et des usines de recyclage. Tout en faisant pression sur les gouvernements pour qu’ils apposent le logo triangulaire sur tous les plastiques, quelle que soit leur recyclabilité, et en créant divers « conseils des plastiques » (groupes de réflexion et organismes de recherche) avec l’argent du pétrole. Et cela a fonctionné. La production de plastiques et la rentabilité de cette industrie sont montées en flèche au cours des 30 années suivantes. Non seulement les gouvernements locaux, des États et fédéral sont tombés dans le panneau, mais aussi les militants écologistes tels que Greenpeace, qui ont fait la promotion du recyclage comme moyen individuel et volontaire de lutter contre la pollution des océans. Aujourd’hui, jeter son plastique dans le bac bleu est un réflexe.

Cependant, comme des entreprises comme Exxon, DuPont, Dow et d’autres le savent depuis le début, le recyclage ne fonctionne pas parce qu’il n’est pas rentable. Aucune des dizaines d’usines de recyclage sur lesquelles s’est penché NPR n’a duré plus de dix ans. À ce jour, seuls 10% des plastiques ont été recyclés dans le monde. Depuis 30 ans, les plastiques qui finissent dans les bacs de recyclage sont tout simplement trimbalés à travers le monde, vendus à des pays comme la Chine ou l’Indonésie, qui sont tout aussi incapables de recycler ce matériau. Il est donc vendu plus loin et, finalement, jeté dans les décharges ou dans l’océan, où il s’est accumulé en véritables montagnes, jusqu’aux plus grandes profondeurs, et on en trouve maintenant dans le sang humain et dans les tissus pulmonaires.

Le mensonge, bien sûr, a fait des merveilles pour les profits de ces entreprises : l’industrie pétrolière gagne 400 milliards de dollars par an en fabriquant et en vendant du plastique, et elle investit actuellement dans une production de plastique encore plus importante, pariant sur le fait que les profits futurs proviendront davantage du plastique que du pétrole et du gaz avec l’augmentation de la demande de voitures et de camions électriques.

L’environnementalisme sans lutte des classes est un cul-de-sac

Comme nous l’avons déjà souligné, la consommation éthique ou verte ne constitue pas une véritable solution aux problèmes de l’environnement mondial. Ces « solutions » ne présentent aucun risque pour le capitalisme, c’est-à-dire pour les profits des capitalistes qui possèdent et contrôlent les industries les plus polluantes. Le mensonge du recyclage n’est qu’un exemple de ce problème fatal de l’environnementalisme basé sur la consommation. Les lignes aériennes qui font voler des avions vides afin de conserver leurs places dans les aéroports et les compagnies pétrolières qui brûlent du gaz qu’elles ne peuvent pas vendre en sont d’autres.

Si le recyclage n’est pas rentable pour les capitalistes, alors les industries du recyclage, du plastique et du pétrole devraient devenir propriété publique et être placées sous le contrôle démocratique des travailleurs et du public. Mais nous ne devrions pas nous arrêter là. La majorité de la pollution mondiale provient de l’industrie elle-même – les entreprises du Fortune 500 étant les principales coupables. Une centaine d’entreprises seulement sont à l’origine de 71% de toutes les émissions mondiales de gaz à effet de serre depuis 1988. Ces entreprises devraient être nationalisées et gérées sous le contrôle démocratique des travailleurs, en harmonie avec l’environnement.

Les partis qui représentent les capitalistes ne peuvent faire partie de la solution. Seuls un parti et un gouvernement des travailleurs peuvent commencer à s’attaquer à ce désastre en planifiant rationnellement et démocratiquement l’économie, ouvrant ainsi la voie au socialisme mondial et à la durabilité environnementale.

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